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Je ne me décris plus comme cela, mais j'aime toujours autant ce poème torturé...
La Bête
Je me décris,
Comme une plaie béante
D’où sortent plein de cris
Qui clament mon envie géante
De mourir à tout prix
Grâce à une agonie lente.
Je me décris,
Comme un fardeau très lourd
Qui n’a pas de place ici
Et qui désire être sourd
A tous les on-dit
De la foule qui renie son amour.
Je me décris,
Comme un ermite marginal
Qui jamais ne dit
Qu’il se prend pour un animal
Et qui chaque jour prie
Pour que disparaisse le mal.
Je me décris,
Comme un être sans défense
Que personne n’envie
Parce qu’il a la malchance
De rêver que la vie
N’est pas aussi dure que son enfance.
Je me décris,
Comme un savant
Qui expérimente la folie
Tout en croyant
Que les autres fuient
L’idée d’être eux-mêmes déments.
Je me décris,
Comme une bête effarouchée
Qui se sauve dans la nuit
Pour trouver un terrier
Dans lequel elle fermera la sortie
En attendant que l’orage fût passé.
Je me décris,
Comme un être
Qui nie
De regarder par la fenêtre
Quand la lune brille
Pour ne pas se compromettre
A penser qu’ailleurs plus belle est la vie.
Christie Jane (Juin
1993)
Sujet : Objets (fantastiques). Une histoire quotidienne où il arrive quelque chose d'incompréhensible en rapport avec un objet.
La petite souris des dents
Dans la vie, il arrive parfois de drôles de choses.
Mon fils a six ans et il commence à perdre ses dents de lait. Ma hantise était de lui faire avaler l’histoire de la petite souris, car j’ai horreur de lui mentir. Je suppose que c’est le dilemme de beaucoup de mamans. Donc, j’avais acheté quelques livres ce printemps pour m’aider en prévision de cette tâche difficile. Etre parent ne signifie pas qu’on sait toujours tout, bien au contraire ! Je me pose souvent beaucoup de questions et c’est un retour sur soi permanent.
Donc, lorsque sa première dent est tombée, je lui ai lu l’histoire d’une petite souris domestique qui a peur de se faire doubler par celle des dents de lait. Une petite souris s’est prise d’affection pour un enfant. Imaginez sa déception et ses craintes quand elle voit près de lui la souris des dents. L’intruse va-t-elle la supplanter dans l’amour que lui porte son petit protégé ? Pour en avoir le cœur net sur les intentions de sa rivale, elle finit par la suivre le soir où le petit garçon a perdu sa première incisive. A sa grande surprise, elle découvre toute une organisation de souris spécialisées qui réparent les défenses des éléphants avec les dents de lait des enfants. La souris domestique rentre rassurée chez son petit propriétaire car personne ne va lui voler ni son amour ni sa place.
Mon fils est resté très incrédule face à cette histoire. Il m’a demandé :
- C’est une vraie souris qui vient chercher les dents ?
- Oui.
- Mais comment elle fait la petite souris pour venir jusque dans ma chambre ?
- Elle passe sous la porte, tu sais, elle est toute petite.
- Mais comment elle fait pour prendre la dent sous mon oreiller et repartir avec ?
- Eh bien, elle a peut-être un petit sac accroché à son ventre.
- Et après elle va où la souris ? Elle en fait quoi de ma dent ? C’est pas pour des éléphants ?!
- Ça, on ne sait pas. Ce qu’on sait c’est qu’elle laisse un petit sou à la place de la dent pour te remercier.
J’espérais que l’argent le distrairait de ses interrogations, mais en réalité il se fichait complètement du sou.
Il sait très bien que je ne lui mens jamais, alors il me regardait bien en face pour voir si je lui disais la vérité. J’ai soutenu son regard car je voulais qu’il croie à mon histoire. Pour le père Noël je n’ai pas réussi. Cette fois j’avais décidé de ne pas flancher. Je crois que cela a marché…du moins c’est ce que j’ai cru sur le moment.
Pour les deux premières dents tout s'est bien déroulé ; je lui ai montré que je mettais la dent sous l’oreiller. En fait, je la gardais dans ma main et je mettais discrètement la pièce. Je lui disais de ne plus y toucher et mon fiston obéissait bien sagement. Pour la troisième dent, les choses se sont légèrement compliquées. Il m’a dit :
- Elle est trop chou, je ne veux pas que la souris la prenne. On peut la garder ?
Après réflexion, je lui ai proposé d’écrire un mot à la petite souris. Cela donnait ceci :
« Chère petite souris,
Nous avons gardé la dent de Jarod car nous la trouvions jolie. Excuse-nous pour le déplacement. Nous te faisons de gros bisous. »
Evidemment, sous l’oreiller, la lettre est restée intacte le lendemain matin.
Je croyais m’en être bien tirée jusqu’à ce que je fasse une découverte inattendue dans ma chambre.
A chaque fois, j’avais mis la dent de lait dans une minuscule boîte avec un petit papier qui indiquait la date à laquelle mon fils avait perdu son incisive et dans quelle circonstance. Les trois récipients étaient cachés dans un plus grand, transparent, dans ma commode, dans ma chambre. Personne, mis à part moi, ne le savait.
Or hier, j’ouvre le tiroir de ma commode pour y prendre le carnet de santé de mon fils et qu’est-ce que je vois ? Les dents avaient disparu ! Il manquait les trois petites boîtes ! Les suivantes étaient là, vides bien entendu, mais il manquait bien celles qui recevaient mes petits trésors en émail. C’est inconcevable ! Je ne pensais même pas à chercher ailleurs puisque j’étais sûre de ma cachette. De plus je ne pouvais pas demander à mon fils s’il avait pris quelque chose dans ce tiroir, ma cachette aurait été dévoilée.
S’il me réclame sa troisième dent ? Je fais quoi ?! Il faut que je les retrouve absolument ! J’ai appelé mon homme à son travail et lui ai posé fébrilement la question, il a ri et m’a répondu que je ne savais plus ce que j’en avais fait mais que je les retrouverais bientôt. J’enrage. Je sais encore ce que je fais !
La journée s’est passée sans réponse et ce matin, une fois mon fils parti à l’école, je suis en train de faire son lit quand je vois rouler sur les draps deux des petites incisives. Je fouille son lit et découvre la troisième sous une peluche. Mais qu’est-ce que cela veut dire ?
Lorsque je récupère mon petit garçon à la sortie de l’école, je lui demande :
- Comment se fait-il que j’aie retrouvé tes trois dents de lait sous ton oreiller ce matin ?
- Ah ! Oui, j’ai oublié de te dire que j’ai demandé à la petite souris de me ramener mes deux premières dents car j’aimerais en faire la collection.
- Et la troisième, tu l’as prise où ?
- C’est la souris, elle me les a laissées les trois ensembles, cette nuit.
Alors là, soit il se paie ma tête, ce que j’ai de la peine à imaginer à six ans, soit j’ai raté un épisode quelque part…
Christie Jane (Septembre 2005)
La Pluie
Fine et légère, elle tombe
Comme un rideau de paillettes.
Les gouttes d’eau sont en fête
Jusqu’à la terre qui devient leur tombe.
Avant de l’atteindre, elles dansent
Elles savent qu’elles ont peu de temps.
Les gouttes d’eau chuchotent, c’est le bruissement
Que l’on entend, selon certains, par chance ou par malchance.
Quand le soleil décide d’observer le spectacle
Les gouttes d’eau brillent de mille feux.
Elles sont fières et rendent le soleil heureux
Lui qui souvent s’ennuie et sans arrêt renâcle.
Lorsque la pluie et le soleil décident de s’aimer
Ils nous le montrent en créant un arc-en-ciel.
Cet arc de couleurs un peu mystérieux, nous émerveille
Et nos yeux comme aimantés ne peuvent s’empêcher de contempler.
Pendant ce temps, des millions de gouttelettes s’écrasent sur terre
Elles éclatent comme de petits ballons en pleurant.
Indifférents à leur douleur, nous n’entendons pas leurs gémissements
Et sombrant dans le sol, elles nous donnent la vie, telles des millions de mères.
Christie Jane (Avril 1996)
La Beauté
La beauté,
C'est déceler, dans un visage même triste, une faible lueur,
Qui ne demandait qu'à s'éclairer à la rencontre de ce regard,
Pour se transformer en une brillante étincelle.
La beauté,
C'est éprouver, à la vue d'un être, un certain bonheur,
Sans vraiment comprendre le pourquoi et chercher à le savoir,
Tout en pensant que cet élu est un envoyé du ciel.
La beauté,
C'est poser, sur cette personne, un voile invisible de douceur,
Comme pour protéger un trésor précieux et très rare,
De tout ce qui est laid et dur dans ce monde cruel.
La beauté,
C'est réaliser, le jour de cette rencontre, que plus rien n'a de valeur,
Que la vie commence dès cet instant de gloire,
Et ressentir l'envie de veiller auprès de cette âme comme une sentinelle.
La beauté,
C'est voir, dans un décor gris, plein de couleurs,
Parce qu'une lumière est entrée dans cette existence et en a chassé le désespoir,
Pour prouver que, malgré et avant tout, elle est belle.
La beauté,
C'est l'associer, très rapidement à l'amour et à sa splendeur,
En ayant pour la première fois regardé derrière le miroir,
Et, alors, découvrir que la beauté est éternelle.
Christie Jane (Octobre 1993)
Ecrire une histoire en respectant trois consignes :
1) Trouver des comparaisons mais pas artificielles
2) Le narrateur peut se confondre avec "je" mais il n'est pas le héros de l'histoire.
Il sait des choses que le héros ne sait pas. Il est secondaire à l'histoire.
3) Le sujet : Un homme (marche) seul dans la nuit les sens en éveil.
Le veilleur de trop
Nouvelle disponible à l'achat sur Amazon Kindle :
https://www.amazon.fr/dp/B0723277J2
Christie Jane (Octobre 2008)
Texte publié dans le Mosaïque pour Genève No. 16
EDITIONS ORPHEA ARTMEYRINOIS 2009
Ce texte a été écrit sur deux séances distinctes de l'atelier.
1er : Décrire un lieu, une atmosphère, odeur, couleur, s'en imprégner
2ème : Il se passe une action dans ce lieu où le narrateur est soit témoin soit pris à parti, de
plus il y a un mystère
L’Abbaye du Mont Olivet Majeur
Nouvelle disponible à la vente sur Amazon Kindle.
Christie Jane (Septembre-Octobre 2009)
Texte publié dans le Mosaïque pour Genève No. 17
EDITIONS ORPHEA ARTMEYRINOIS 2010
Vous vous en doutez certainement, ce texte a été écrit un jour de migraine... (Le titre "Tribulations d'une migraineuse" existant déjà je l'ai changé)
Migraine...
Ce matin, avant même d’ouvrir les yeux, je sais qu’elle est là. Tambourinant à ma tempe, la migraine est revenue. Elle s’installe insidieusement pendant mon sommeil pour avoir la joie de me réveiller en fanfare.
Je n’ai pas dit mon dernier mot ! Je vais la combattre de toutes mes forces.
Je me lève, vais rapidement au petit coin soulager ma vessie, mettre sous ma langue trois granules homéopathiques puis fonce dans la cuisine prendre les doses de chimie sensées faire passer l’envie de s’incruster à l’intruse pour la journée voire pour les jours à venir.
Je me remets au lit moitié assise, calée contre les coussins ; impossible de m’allonger à nouveau, sinon la douleur empire.
J’essaie une technique que m’a apprise la sophrologue que j’ai rencontrée dernièrement et qui consiste à visualiser ma migraine en une grosse boule noire, ce que j’arrive à faire sans mal d’ailleurs, puis un soleil brûlant orange qui irradie sa chaleur et sa bienfaisance dans tout mon corps (j’ai écrit cœur…) en descendant comme une vague orange. Ce soleil doit brûler, puis consumer cette grosse tache noire et vilaine qui me cause tant de soucis. Le hic c’est que la boule noire ne veut pas partir : à chaque fois que je vois les bords disparaître il reste toujours un gros noyau. Lorsqu’enfin celui-ci disparaît, la migraine est toujours là !
Mon mari s’en va à son travail et je lui demande de m’apporter mon livre de Dien Cham qui se trouve à la salle de bain. Un petit trajet que je suis soulagée de ne pas devoir accomplir. Il s’exécute, me souhaite malgré tout une bonne journée et part à son travail. On est mercredi, je n’ai qu’un rendez-vous chez la kiné dans la matinée et mon fils à emmener à la piscine en fin de journée. Ça va aller, je devrais m’en sortir.
Le Dien Cham est une technique de réflexologie faciale vietnamienne très intéressante, mais comme je ne l’utilise qu’en cas d’urgence je ne la trouve malheureusement pas assez efficace. De plus, toute seule, je ne suis pas sûre de stimuler correctement les bons endroits et de la bonne manière.
Entre-temps mon fils s’est douché, habillé, il a dix ans, cela aide, et est venu me dire bonjour. Je lui fais un massage détente sur le visage et comme il me semble que ma migraine me laisse me lever nous allons prendre le petit déjeuner. Je me douche ensuite longuement en insistant sur le visage et la tête, eh oui on ne sait jamais il est toujours possible de croire au miracle même après trente-trois années de migraines ! J’ai trente-neuf ans. Bien sûr tout cela prend énormément de temps et plus encore du fait de mes gestes fortement ralentis pour ne pas avoir à subir les assauts de tambour de Madame Migraine.
Tout le monde compatit à mon malheur, moi la première, mais cela ne sert pas à grand chose ! Je reprends les granules homéopathiques, toutes les heures. Je pleure d’abord un peu comme à chaque fois. Cela ne fait aucun bien à ma tête mais c’est plus fort que moi, un sentiment d’impuissance, de découragement et de colère m’envahit et me transforme ensuite en fontaine. Mes forces s’épuisent, je réalise que j’ai perdu le combat…
Christie Jane (Novembre 2009)
Thème : Miroirs.
Miroir de l'âme, jeux de miroir, miroir brisé, etc...
Le Miroir
Nouvelle disponible à l'achat sur Amazon Kindle :
https://www.amazon.fr/dp/B072319G52
Christie Jane (Octobre 2006)
Texte publié dans Mosaïque pour Genève N° 14
EDITIONS ORPHEA ARTMEYRINOIS 2007
Puisque c'est la Saint-Valentin, un poème d'amour s'impose !
Vole, Amour !
Vole, amour
Fuit le temps
Longs les jours
Quand on attend
Grave, amour
Les minutes et le temps
Pour un jour
Ou pour un instant
Joue, amour
Ne perd pas ton temps
C’est pour toujours
Ou jamais longtemps
Cours, amour
C’est le moment
Car c’est le jour
Où s’arrête le temps
Christie Jane (Octobre 1995)